Une journée de plus sur le panthéon de l’ennui. Il n’était pas simple quand on était un pauvre aveugle, un brin perdu de trouver un véritable sens à sa vie surtout lorsqu’on marchait dans une rue d’un air hagard et complètement niais. Non, je ne parlais pas de toi qui perds ton temps à lire mes histoires en croyant réellement que ça allait devenir intéressant. Je suis nul et tu es encore plus nul à me lire. BREF, revenons à nos moutons, je déambulais dans l’ennui comme le fantôme qui cherchait son envie. Un carré de chocolat que je passais lentement sur mes lèvres dans des aller-retours afin de le faire fondre petit à petit et pour ne rien gâcher de ce délicieux trésor qu’était l’or Noir.

Le bruit de la cohue qui alimentait ma danse spectrale me faisait avancer tant bien que mal au travers d’une immondasse foule bien trop odorante et inintéressante pour profiter pleinement de l’ébène aux accents de cacao. Le but de cette marche retrouvé une nouvelle tablette, afin de pouvoir alimenter de nouveau mes réserves de chocolat. Le regard qui longeait chaque étale, comme s’il cherchait d’un sens qui ne lui était pas propre. En effet, lorsqu’on regardait et qu’on était aveugle, oxymores et incompréhension me diriez-vous ? Le nez devenait les yeux de son monde, l’odeur précise de notes âcre et sucré d’un chocolat particulier.

Alors que ma truffe semblait s’être acoquinée d’une odeur particulièrement enivrante, un coup, que dis-je une charge vint se soulever et me fit virevolter dans un fracas étrange. Nos corps enlacés ne faisaient qu’un instant le temps de se mettre à passer derrière une sorte de rocher posé ici sans réel intérêt. L’intérêt de ce monde semblait se perdre dans beaucoup de choses ? L’aveuglé n’était peut-être pas celui qui jouait à l’aveugle. Alors que l’argenté au bandeau noirâtre allait parler, une main vint se mettre tel un opercule sur un orifice. Il ne pouvait plus parler, un homme se mit à parler, il était à la recherche d’un borgne qui aurait volé un trésor qui n’était pas le sien.

L’homme dont la voix sonnait un brin outragée, semblait expliquer qu’il n’avait rien volait et que l’outrecuidance de l’accusateur se trouvait dans son échec à gagner à un jeu d’argent. Foutaise et calomnie semblaient plonger cet instant dans un bain de quiproquo bien étrange. Ma voix semblait taquine et s’élevait dans les airs pour alléger la situation :

« - Il n’y a rien de pire qu’un bonimenteur qui ne comprend pas les règles d’un jeu et encore pire qu’un mauvais perdant. Si tu le souhaites, je peux éradiquer la vermine pour toi, néanmoins, je préférai qu’on se lance dans une petite partie de chat avec ces gens. Qu’en dis-tu ? Le perdant de cette partie doit payer une tablette de chocolat à l’autre."

Un sourire farceur emprunté à une notable facétie venait de s’afficher le long de la toile que représentait mon visage. Il me fallait faire preuve d’une certaine patience afin de pouvoir comprendre et surtout entendre la réponse du borgne qui me faisait face. D’un simple geste, ma main se mit à s’approcher de son visage et d’un léger rictus, je me mis à dire :

« - Permet-moi mon cher ami, si tu le souhaites et acceptes que je dessine ton visage avec mon doigt afin de pouvoir imaginer et comprendre l’amplitude de ce qui te définit. En gros, savoir si t’es moche ou beau?! »


Sans réellement attendre de réponse à cette question un brin, rhétorique, mon doigt se mit à dessiner d’un léger effleurement la douce peau du visage du borgne. Un instant, je me mis à dessiner l’entièreté de ces traits. Un nez fin, une bouche légèrement charnue et fine. Un cache-oeil, un autre œil qui semblait plutôt bien dessiné. Des sourcils fins et une arcane à peine dessiné. Il n’était pas bien vieux, mais il semblait surtout extrêmement charmant. Un Prince Charmant ? Seul le destin pouvait lui tenir compagnie et surtout pouvait apporter la réponse qu’il attendait tant.

La situation douce s’était transformé en situation plus ou moins rocambolesque, puis elle était redevenue plutôt calme. L’homme semblait être une sorte de lâche qui préférait rester calme et attendre le sentiment de lassitude chez ses poursuivants. Il souhaitait m’acheter une tablette de chocolat et ainsi éviter ce léger pari. Un soupir d’exaspération se présentait dans ma bouche avant de ressortir de mon orifice buccal. Chacun ses principes et ses façons de jouer. Je souriais pour accepter la proposition concernant l’achat de la tablette de chocolat en même temps c’était une façon cordiale de l’accepter. La suite avait été dans l’exagération de mon problème de protection de mes yeux. En effet, je devais constamment cacher mon ascendance divine et royale. Mes yeux portaient les stigmates d’une forte exposition au Shinsoo, et ces stigmates étaient la source d’une potentielle chasse à l’homme. Une mise à tête qui pouvait me concerner. Je m’étais habitué à faire croire que j’étais aveugle que parfois j’oubliais ce n’était que comédie et facéties.

Le Borgne qui se trouvait devant moi semblait présenter une véritable confiance en son potentiel charmant. Il se définissait comme un pure beau gosse et je ne pu m’empêcher d’exploser de rire devant pareil déclaration. Un rire franc et un brin étrange, il était à la fois cristallin et aux accents de folie. Il trouvait dommage que je sois aveugle, car je ne pouvais pas me délecter de son beau corps. Dure vie d’être incapable de se délecter de la beauté du monde, mais d’un autre côté sans la vue on pouvait utiliser d’autres sens qui pouvaient permettre de voir le monde d’une différente manière. Livio Cassidy, un étrange phénomène qui pourrait même décontenancé l’hurluberlu que j’étais. Je me devais de répondre, la politesse me l’incombait. Je repris une certaine contenance après ce rire un brin fou:

« - En effet, je ne peux guère te voir. Néanmoins, je peux profiter de différentes façon le doux visage d’un être charmant. Enchanté cher Livio Cassidy, pour ma part je me prénomme Isaiah Core, mon nom de famille est Core. Puis-je vous demander la raison de votre présence dans cette tour ? »

Puis, je me relevais dans un simple bond. Mes deux pieds aimaient cette sensation de pouvoir ressentir la terre et un sol plat sous mes petits petons. Dans une certaine décontraction j’ajoutais quelques mots:

« - On fait un petit tour? »

Je m’étais perdu, je ne savais pas réellement ce que je faisais ici. Une errance dans le but de trouver du chocolat, mais en même temps parfois, je me disais que de me laisser aller au destin de la divinité du Chocolat. Il ne se souvenait plus de sa raison ici, il avait fui après une nuit d’ivresse et d’alcool. Une nuit potentiellement remplie de vice, alcool sex and drugs ? Un instant, j’avais une quelconque jalousie, j’aurais aimé avoir ce genre de vie un brin dépravé. Rien n’était simple pour moi… Le fardeau d’un destin particulier, mon secret était trop grand, il m’empêchait de vivre constamment. Le fait de devoir jouer à l’aveugle avait ce léger côté éreintant. Je voulais pourtant l’enlever de temps à autre, pour contempler le monde qui m’entourait. J’avais certes réussi à peaufiner mes deux autres sens, mais il n’était pas simple de pouvoir contempler les couleurs, l’architecture, la nature… Tout ce qui entourait avait cette fadeur dans la noirceur d’un bandeau, alors que j’étais sûr que le monde était d’une beauté redoutable. Je soupirais, mais d’un autre côté, j’avais la chance de pouvoir me trouver avec un homme qui semblait intéressant. Il avait accepté de se balader, avec moi. 

Je lui souriais tout en posant ma main dans la sienne pour le tirer vers un stand que j’avais reniflé :


« - Là-bas, je crois que j’ai senti du chocolat. Et j’ai follement envie de ce chocolat ! T’aimes le chocolat toi?! »


Je lui lâchais la main lorsque je trouvais l’endroit qui semblait émaner cette odeur goûteuse et alléchante. Bordel, j’en rêvais de cet instant de ce délice cacaoté. Il avait mis une capuche pour cacher son allure particulière, enfin, j’avais cru comprendre ça au léger bruit du tissu contre sa peau et ses cheveux, chaque son était particulier. On pouvait reconnaître beaucoup de choses d’après les différents bruits, et je m’étais entraîné à les distinguer de bien différentes manières.


Un sourire se dessinait alors que mon visage se tournait vers lui, puis je lui demandais d’un ton amusé :


« - Dis, tu peux me décrire le chocolat que tu vois et tout ce qui va avec? J’aimerais comprendre l’essence même de ce qui caractérise cette magnifique et divine sucrerie. »

Le contact de nos deux mains. Tout était étrange, mais je ressentais aucune gêne comme si ce contact humain avait été dicté par Dame Destinée. J’aimais ressentir cette chaleur, cette légère moiteur dans sa main. Le rouquin avait pris quelque degré durant ce contact avec sa main, il pouvait potentiellement rougir? Le rougissement est dû à une accélération du rythme sanguin et cela provoque une légère hausse de chaleur. Je souriais sans m’en rendre compte, sans même pouvoir le voir, je pouvais ressentir cette immense proximité et c’était quelque chose de particulier. Il semblait être particulier, car il ne semblait pas décontenancé par l’incongru de mes diverses questions, il tombait même plutôt d’accord avec moi. Il aimait le chocolat également. Il aimait tout ce qui était sucré et surtout les bonbons, il gardait un côté enfantin. Un syndrome de Peter Pan qui se trouvait en commun, j’étais un grand enfant, mais dans mon cas c’était surtout qu’on m’avait enlevé mon enfance, on m’avait empêché de découvrir le monde, d’avancer dans ce monde en testant des choses. Je me retrouvais un brin perplexe quand il me proposait d’acheter une tablette à deux pour la partager, c’était quelque chose de très intime de pouvoir partager du chocolat à deux. Néanmoins, il allait l’acheter, je ne pouvais clairement pas refuser ce partage.

Je lui souriais d’un air un brin gêné, mais j’acceptais son offre de partager un peu de chocolat tout en rougissant légèrement de mes légères pommettes. Le rougissement n’était pas quelque chose qui m’arrivait facilement, mais dès qu’on s’approchait du met divin qu’était le chocolat, je pouvais facilement succomber à diverses émotions. Il disait qu’il n’était pas capable de décrire ce qu’il voyait, car il manquait de lexique, il manquait d’éducation. Un immense rire se mettait à résonner dans mes poumons, mon corps se trouvait à devenir une immense caisse de résonance. Je ne pouvais m’arrêter de rire. Puis, il se mit à me mettre un morceau de chocolat dans la bouche, je ne voyais rien, du coup l’action me surpris et je manquais de m’étouffer. Entre le rire, le chocolat dans la bouche, je manquais de me mettre à vomir comme une Electra… je réussi à reprendre contenance et à sucer le léger bout de chocolat. Puis, j’avalais le léger goût cacaoté, avant de prendre la parole:

« - N’oublie pas que je vois rien, faut prévenir avant de faire des choses comme ça. En mode, je vais te mettre un carré dans la bouche. Sinon, ne t’inquiètes pas, utilise ton langage, je ne te jugerai pas. Je ne viens pas d’une grande famille non plus, en soit je sais même plus qui sont mes parents… »

Je souriais avant d’attraper les épaules du garçon:

«- Bon je te suis emmène moi dans un autre endroit, je te suis monsieur le GPS! »